Koutal Sérère Dit Stop :  » Nos Terres Ne Sont Pas À Vendre ! « 

Les habitants de Koutal Sérère, à quelques kilomètres de Kaolack, dénoncent un projet de lotissement qu’ils jugent injuste et opaque. Réunis en masse ce dimanche, ils exigent la fin de ce qu’ils appellent une tentative de spoliation foncière organisée.

Dans ce petit village rural, la colère gronde. Ce dimanche, les habitants de Koutal Sérère sont sortis en nombre pour manifester contre un projet d’extension de lotissement initié par la maire de Ndiaffate, Astou Ndiaye. Pour eux, ce plan d’aménagement, loin de servir l’intérêt général, vise à s’approprier leurs terres agricoles au profit de personnes extérieures à la localité.

Babacar Faye, enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et natif du village, est venu prêter main-forte à ses concitoyens :  » Au départ, le maire avait promis de rester dans la limite de 5 hectares, comme le prévoit la loi. Aujourd’hui, ce n’est plus respecté. Les terres de nos parents sont redistribuées sans concertation, et ceux qui ont perdu leurs champs n’ont rien reçu en compensation « , dénonce-t-il.

Sur le terrain, les calculs ne trompent pas : un hectare équivaut à 10 000 mètres carrés. Pour des parcelles de 300 m² (15m x 20m), cela représente environ 33 lots par hectare. Pourtant, les habitants affirment qu’au lieu d’une répartition équitable, tout est accaparé.  » Comment peut-on donner une seule parcelle à une famille de dix héritiers ? Et pourquoi certains reçoivent gratuitement pendant que d’autres doivent payer 35 000 francs CFA ? « , questionne un villageois avec amertume.

Autre point de discorde : l’absence de transparence et de concertation. La loi exige qu’une commission de lotissement soit installée dans le village concerné. Or, à Koutal Sérère, aucune réunion n’a été tenue. Tout a été centralisé à Koutal Wolof. On veut décider de notre avenir sans nous « , s’indigne Babacar Faye.

Il dénonce une stratégie de dépossession méthodique :  » La commission est mise en place ailleurs, les terres sont attribuées à des étrangers, et les agriculteurs locaux, eux, sont laissés pour compte. « 

Face à cette situation, les habitants demandent non pas l’arrêt du développement, mais un aménagement plus juste et participatif. Ils appellent la mairie à soutenir des projets agricoles communautaires au lieu de redistribuer les terres à des fins spéculatives.

Bien qu’il ne soit pas physiquement présent, l’activiste Guy Marius Sagna a exprimé publiquement son soutien aux revendications des habitants. Il plaide, comme à son habitude, pour une protection renforcée des terres rurales contre la boulimie foncière et les dérives de certains élus locaux.

Cette mobilisation citoyenne révèle une fracture croissante entre les politiques d’aménagement urbain et les réalités des communautés rurales. À Koutal Sérère, comme ailleurs, les habitants rappellent que la terre est bien plus qu’un bien à vendre : c’est leur héritage, leur survie, leur dignité.

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